Une future infirmière clinicienne se rend au front en travaillant en CHSLD, son témoignage est troublant
Partager sur Facebook"Personne ne veut terminer sa vie de cette façon!"
Ce qui se vit présentement dans les CHSD est sans précédent. La situation est hors contrôle et le manque d'effectif n'arrange pas les choses.
Des personnes qui ont contribué toute leur vie à la société meurent seules, sans famille, sans dignité.
Alors que le premier ministre lance un appel à l'aide à la population pour venir prêter mains fortes au personnel épuisé déjà en place, une étudiante au bacc en soins infirmiers à décidé de répondre et de se rendre en première ligne pour venir en aide aux personnes âgées. Le message qu'elle publie sur sa page Facebook est horrible et troublant. Une vérité dont on n'aurait jamais voulu être confronté.
Voici son message :
« Pour un peu d’oxygène
Moi, étudiante de première année au baccalauréat en sciences infirmières au cœur d’une fin de session universitaire, j’ai répondu à l’appel à l’aide du gouvernement. Je me suis enrôlée comme préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD de Laval. Je voulais simplement aider ma population, mais je n’aurais jamais imaginé voir autant d’horreurs en commençant ma carrière dans le domaine de la santé.
16 avril 2020, ma première journée au front. La coordonnatrice m’affecte à une section de 14 patients, dont 13 ont la COVID-19. Je suis laissée à moi-même avec ces vies entre mes mains. J’ouvre une première porte. Un aîné est en position fœtus dans son lit. Ses couvertures pendent laissant sa culotte souillée de… je m’approche.
Eh oui, la culotte est souillée de selles liquides. Je pense à reculer, mais je me ressaisis. Je me dis que je suis plus forte que ça et que cet homme mérite mieux que de finir ses jours à baigner dans sa marde. Savez-vous à quel point c’est difficile de changer une couche à un adulte de 150 livres qui se tord de douleur dès qu’on le touche? Je sors de la chambre. Je suis en sueur. J’ai soif, mais je ne peux pas boire. L’agent de sécurité à l’entrée du CHSLD n’a pas voulu que j’amène ma bouteille d’eau et, de toute manière, je ne veux pas toucher à mon masque et risquer de me contaminer.
Je n’ai même pas le temps de réaliser la scène à laquelle je viens d’assister. Une autre préposée me fait signe de venir; elle a besoin d’aide. Je change mon équipement de protection individuel et j’entre dans la chambre. Je vois le corps d’une femme qui repose sans vie. Je suis sous le choc. Je me retrouve devant le tout premier cadavre de ma vie, mais je ne réfléchis pas. Je suis les instructions qui me sont données : « Ferme ses paupières, change sa culotte et lave-la. » Je m’exécute. Ce soir-là, je me suis rendu compte que mon insouciance de jeune étudiante voulant devenir infirmière pour sauver des vies m’a quittée jusque dans la tombe de cette dame.
17 avril 2020, ma deuxième journée sur le champ de bataille. J’enfile une blouse, une visière, un masque et des gants et je me rends dans ma section. J’entends alors : « Au secours Madame! » Je me précipite au chevet de cet aîné en détresse qui me lance : « Au secours! Je suis pris au piège dans la maladie. Aidez-moi! » Ces paroles resteront gravées dans ma mémoire à tout jamais. Parce que j’étais impuissante face à cet homme que j’ai vu souffrir. Parce que, dans les médias, les décès ne sont souvent que des statistiques. On révèle rarement comment on meurt de la COVID-19. Chez cet homme, le virus a commencé par provoquer de la confusion et une perte d’appétit suivi d’un refus complet de s’alimenter, mais non, on ne fournit pas de gavage pour les mourants dans les CHSLD. Il est ensuite tombé dans un coma durant lequel sa famille vint le visiter, avant de devoir se mettre en quarantaine. En quittant, sa fille m’a demandé de lui dire qu’elle était venue s’il se réveillait. Il est 14h55. Je termine mon quart de travail dans 5 minutes. Je me rends auprès du résident et je lui prends la main. « Monsieur X, serrez-moi la main si vous m’entendez. » Je sens alors une pression dans ma paume et l’adrénaline monte en moi. « Vos enfants sont venus vous visiter aujourd’hui! Ils sont avec vous. » Je retourne chez moi avec une lueur d’espoir.
18 avril 2020. J’ouvre la porte de la chambre du patient qui m’avait permis d’espérer que son histoire aurait une finalité heureuse.
La scène que je vois me brise le cœur en mille morceaux. C’est avec la bouche grande ouverte, la langue mauve, ainsi que des respirations rapides et bruyantes qu’il se bat pour s’évader du piège de la maladie. Le terme est terrible, mais clair : il est en détresse respiratoire. Je vais chercher l’infirmière qui prend ses signes vitaux. Sa saturation en oxygène est de 52% alors que la normale est d’au moins 95%. Sa fréquence cardiaque est de 150 battements par minute alors qu’un cœur bat habituellement à moins de 100. Il se bat pour sa vie, pour un peu d’oxygène, pour quelques heures de plus. L’impuissance. C’est le sentiment que j’ai ressenti à ce moment. Je lui ai pris la main et je lui ai dit que j’étais avec lui.
C’est tout ce que j’ai pu faire pour cet homme qui est décédé en suffoquant alors que ses poumons se remplissaient de sécrétions et de liquide.
Comment oublier cette image d’un père que je n’ai pas pu sauver? Mon cœur de jeune infirmière sera-t-il un jour réparé de toutes les horreurs que je vois jour après jour? Je ne crois pas. Pourtant, chaque matin, j’enfile mon uniforme, ma blouse, mon masque, ma visière et mes gants et je vais en première ligne face à la COVID-19 malgré la fatigue et malgré le fait que je devrais être en train d’étudier pour mes examens de fin de session. J’y vais pour tenir la main à ceux qui meurent dans la peur et la souffrance.
Ariane Hurteau
- Préposée aux bénéficiaires et étudiante au baccalauréat en sciences infirmière
Merci de partager mon histoire ✨François Legault Danielle McCann - Députée de Sanguinet AQII - Association québécoise des infirmières et infirmiers Ordre des infirmières et infirmiers du Québec | OIIQ #baslesmasques Voir moins
— à Laval. »
Partagez son histoire, elle doit être lue et entendue. Personne ne veut terminer sa vie de cette façon!
Source : Facebook
Crédit photo : Facebook
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