Alice Paquet porte de graves accusations contre l'humoriste Guy Nantel
Partager sur Facebook"Je ne suis pas mon viol. Je ne suis pas une joke poche d'un humoriste poche."
Alice Paquet avait accusé en 2016 le politicien Gerry Sklavounos de l'avoir violée après une soirée bien arrosée où elle aurait refusé ses avances.
Après enquête, aucune accusation n'avait été portée contre Gerry Sklvounos ce qui a laissé un goût très amer dans la bouche de la jeune femme.
Ce lundi, Alice Paquet a publié sur Facebook un texte vraiment troublant dans lequel elle accuse les blagues que Guy Nantel a faites sur elle à l'avoir poussée à faire une tentative de suicide l'an dernier.
Voici le texte qu'elle a publié :
« (C'est un texte assez graphique qui parle de suicide et d'agressions sexuelles. Si c'est une mauvaise journée pour toi, ne lis pas ça)
Il y a un an jour pour jour, je n’avais plus le goût. Ça ne me tentait plus. Je me souviens de cette nuit-là dans tous ses moindre petits détails. Je me souviens m’être réveillée à l’hôpital sans comprendre vraiment ce qui s’était passé. Je me suis réveillée, j’ai croisé les yeux de ma mère qui me regardait de loin. J’ai fermé les yeux. J’ai pensé que la prochaine fois serait la bonne. Je n’ai pensé ni à ma famille, ni à mes amis. J’ai pensé à un humoriste. J’ai pensé aux médias, aussi. Je me disais que si je mourrais, peut-être que ça allait finalement changer quelque chose. Que je n’aurais pas tout fait ça pour rien. « Si elle s’est tuée ça doit être parce que c’est vrai ».
Il y a un an, je ne pensais à rien d’autre. Un bon deux semaines de paisible entre la prise de décision et le passage à l’acte. Je savais que j’allais partir. Je suis allée faire un tour à Montréal. Je suis passée par Québec. J’ai pu voir tous mes amis. Leur rappeler combien je les aime. J’ai écrit cinq lettres. Je n'ai jamais pu terminer la dernière. Je l'ai d'ailleurs retrouvée pendant un cours de psycho il y a quelques semaines. La page n'était pas arrachée.
Il n'existe ni contexte, ni de deuxième degré pour rire d'une personne marginalisée sur scène. Pendant presque un an, je dormais avec mes écouteurs parce que j'entendais des salles pleines rire de moi. Parfois, je me dis même que c'était encore plus violent que ce qui s'est passé avec Gerry Sklavounos. En novembre 2017 je vivais une rupture vraiment difficile. Mon amie Mélanie m'appelle un soir. Elle me demande si je suis au courant que Guy Nantel parlera de moi dans son spectacle. Elle m'a dit de me préparer, parce que ce qu'il disait était dégeulasse. Elle m'a dit de ne pas m'inquiéter. Que j'allais être entourée.
Le tourbillon. Je savais parfaitement ce qui m'attendait. Les frontpages, les inboxs, les regards dans la rue. Les podcasts, les chroniques. C'était la fois de trop.
J'ai passé plusieurs semaines à l'hôpital. Je ne pouvais plus dormir. Je connaissais ses dates de spectacle. Ces soirs-là, je savais que le monde allait rire. Chantale, l'infirmière en psychiatrie, restait avec moi jusqu'à ce que je m'endorme. Quand j'ai eu mon congé, en janvier, j'allais mieux. Je suis allée dire adieu à ma grand-mère. Mes nouveaux médicaments commençaient à faire effets. Ensuite, il y a eu l'épilepsie. L'arrêt de la médication. Mon demi sous-sol au Lac Saint-Jean. La drogue, l'alcool, l'isolement. Je prenais des bains. Parfois trois ou quatre bains par jour. Je regardais la télévision. J'avais peur quand le soleil se couchait. Et derrière moi, le fardeau d'être inutile. D'avoir « nui à la cause ». Le 3 juin l'année dernière j'étais bien. Je m'en allais.
J’ai souvenir de m’être réveillée dans l’ambulance. Le reste est flou. J’ai pas envie de m’en souvenir. Quand ma mère est arrivée, elle est restée au pied de la porte. Les médecins étaient en train de me recoudre. J’ai ouvert les yeux, j’ai croisé ceux de ma mère. Je me suis rendormie.
Avant de me transférer en psy, j’étais couchée aux soins intensifs et je me rappelle avoir été très triste de m’être manquée. Je pensais à Guy Nantel. Je ne pensais pas à Gerry. Je pensais: toute ça pour rien?
Je suis restée deux mois en psychiatrie. C'était un peu devenue ma maison.
J'y étais en sécurité. Dans mon lit d’hôpital, j'ai écrit des poèmes. J'ai pris le temps. J'ai respiré. J'ai en laissé beaucoup de côté.
Ça fait un an aujourd'hui que je ne suis pas morte. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe à l'intérieur de moi. Je n'ai ni envie de le célébrer, ni de le pleurer. Je suis juste contente d'être en vie. Je déteste encore Guy Nantel. Je déteste encore les Sophie Durocher et les Lise Ravary de ce monde. Je ne savais pas si c'était une bonne idée d'écrire un article. Je préfère laisser mon coeur parler ici, sans trop peser mes mots. Aujourd'hui je suis sobre, je vois mon neveu et ma nièce grandir. J'ai recommencé l'université. Je suis contente d'être en vie.
Il n'existe aucun contexte, aucun degré d'humour pour rire d'une personne marginalisée.
L'expérience traumatique d'une autre personne ne t'appartient pas. Si je suis restée dans le silence par après, c'est parce que j'étais à terre. Je vais mieux. Je peux témoigner de l'impact que sa bague a eu dans ma vie.
Je ne suis pas mon viol. Je ne suis pas une joke poche d'un humoriste poche. Je ne suis pas ce que les chroniqueurs du Journal de Montréal disent de moi. Je ne suis pas ma boîte de messages non-lus sur Facebook. Je suis quelque part pas loin du paisible.
Parfois une vie s’achève pour laisser la place à quelque chose de plus grand. Comme la vivre, par exemple. Je suis une survivante, mais je ne suis pas la lutte. Je suis heureuse mais j’ai aussi des mauvaises journées.
Souvent on se décourage parce qu’il fait noir de bonne heure et que la lumière nous manque et que la slush dans les rues nous fait chier et que le système nous laisse pas de chances.
Le truc c’est de savoir qu’une bordée d’espoir s’en vient. »
En espérant que la lumière soit revenue sur vous. L'humour peut être drôle pour certains mais combien triste pour d'autres.
Source: Facebook
Crédit Photo: Facebook
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