Une internaute lance un saisissant cri du coeur sur les personnes âgées qui travaillent au salaire minimum...
Partager sur Facebook"''C'est-tu ça l'image de la société ? Pas de fonds de pension, rien de côté, pas de famille pour supporter ?''"
On espère ne rien vous apprendre en vous disant que beaucoup de choses qui concernent nos aînés au Québec sont sujets à débats (on pense, par exemple, au système de santé ou au foyer pour retraités qui déçoivent par leurs normes et les scandales qu'on lit à leurs sujets)
Récemment, c'est une internaute nommée Anick Claveau (qui se fait également surnommer Miss Rebelle) qui a écrit un texte bouleversant sur un sujet bien différent: Les aînés qui travaillent encore, et souvent au salaire minimum, alors qu'ils pourraient être ailleurs.
On vous laisse lire l'intégralité de son texte. Comme toujours, on veut surtout savoir ce que vous en pensez !
Y’a des choses que je trouve tristes dans la vie, je trouve ça triste quand je vois quelqu’un qui prend le repas du soir tout seul dans un beau restaurant. j’me demande si elle vient de se faire plaquer, son conjoint est peut être décédé, ses enfants sans cœur, elle n’a pas de voisine, pas d’amis, pas de parent, ni frère et sœur. Je vois ben que la personne a l’air bien, qu’elle bouffe en dégustant son verre de vin, mais sérieusement, je l’inviterais volontiers à ma table. Je sais bien qu’elle est sans doute entre deux rendez-vous, qu’elle se paye une bonne bouffe en tête en tête avec elle-même parce que son chum est trop gratteux, peut être même que c’est le plus beau moment de sa semaine, qu’elle relaxe, qu’elle se gâte, finalement son âme sœur c’est le barman, on sait pas, mais quand moi je vois ça, j’me dis que ça doit être solidement plate de se retrouver tout seul dans une salle à diner.
Ce que je trouve triste aussi c’est quand j’me pointe dans un endroit public reconnu pour engager des kids, genre dépanneur, fast food, cour à bois chez Rona pis que c’est une personne de genre 70 ans qui me sert. Je sais pas pourquoi mis ça m met un peu à l’envers.
Je pourrais me dire qu’elle est chanceuse d’être en forme, qu’elle veut se garder active, qu’elle rembourse les 3 fois le tour du monde qu’elle a fait dans sa jeunesse, mais non..Moi ça me touche pis ça me donne envie de sauter derrière le comptoir pis prendre sa place. j’en croise plein au dep du coin, au Tim, au magasin de la piasse. C’est pas qu’elles ont fait leur carrière là, pis elles sont incapables de partir, je les voyais pas avant. Elles sont pas non plus propriétaires ou gestionnaires. Elles ont pas l’air tant contente en fait, pis elles sont là souvent.
J’ai toujours cette impression qu’elles ont tout perdu.
Tsé, 12 $ de l’heure à faire une job de bouette 35 heures semaine, des longs shifts, le rush, les clients insolents, la pression, debout pendant 8 heures sur un plancher de ciment, te faire réprimander à grand coups de paroles trop familières par un gérant de 22 ans.. Moi j'me dis que grand-mère devrait être rendue à cuisinier des biscuits pour ses petits enfants, dans un bel appart avec un chat pis des orchidées. Me semble que je l’imagine avec sa tablette à faire des mots croisés en prenant un David’s tea à saveur de fleur d’oranger. Elle devrait faire un peu de bénévolat juste pour maintenir son réseau social, faire des cours de dessin, jouer du Harmonium à la guitare. Me semble que pour briser l’isolement, pour éviter le sentiment d’inutilité, me semble que pour combler le besoin d’être efficace y’a d’autres moyens que monter un 6 pouces au poulet teriyaki gratiné au suisse, grillé, avec pas de piment.
Me semble qu’on envisage notre retraite en pensant à une croisière en Scandinavie, un condo en time-sharing quelque part en Polynésie, je sais pas, une roulotte en Floride pour les longs mois d’hiver, ben non, mes petites madames pis mes petits monsieurs affrontent chaque matin l’envie folle d’aller se faire chier dans une cuisine pas climatisée à regarder bronzer les frites, ou ben à vous charger du gas sans oublier de vous offrir un briquet, un lavage de luxe ou ben un loto Max.
Je comprends pas. C’est-tu ça l’image de la société ? Pas de fonds de pension, rien de côté, pas de famille pour supporter ? C’est tu qu’ils ont jamais eu un assez gros salaire pour se prendre des REER, ils ont fait vivre leurs enfants jusqu’a leur quarantaine en payant chaque petit caprice pis là le quarante ans est parti pis grand-père rembourse le crédit après avoir hérité du petit fils ?
Je trouve ça cool que grand-maman viennent aider, quelle garde tes enfants de temps en temps, elle peut même faire quelques heures tranquilles dans un petit commerce relax pour continuer de mettre à profit ses compétences, pour quelle partage son expérience. Je sais pas, je la verrais dans un p’tit café céramique, une petite bouquinerie, un fleuriste, sans pression ni stress. C’est vrai que ça doit être pénible de rester dans son appart à longueur de journée, moi je mangerais un peu mes bas pis je finirais sans aucun doute en dépression, j’me poignerais avec le chat pis au diable les orchidées. J’irais m’impliquer dans une cause en été, dans une campagne de financement en novembre, dans un salon des métiers d’Arts en décembre, pis après, je prendrais 3 mois pour me reposer. J
e pense pas que grand-père se fait chier par choix dans un Subway, un Tim ou un IGA avec un horaire poche, un salaire de crève-faim, pis un patron trop exigeant. Me semble qu’ils ont assez donné pis qu’ils devraient être rendus a profiter d’une retraite bien méritée, c’est tu moi ou ça marche pas ?
Pour vrai, j’ai énormément de respect. Quand j’attends en ligne pis que j’observe grand-mère à la caisse, que je vois son client soupirer, sans même avoir pris le temps de la saluer, quand je vois ses mains trembler en remettant la facture que le client chiffonne en boule avant de l’abandonner sur le comptoir, quand je vois le patron derrière qui roule des yeux, insatisfait de la productivité de grand-mère, tout ce que j’me dis c’est que j’aurais envie d’aller faire moi-même mon Iced Cap, de monter moi-même mon Big Mac pis de poinçonner moi-même ma commande d’épicerie avant de la mettre toute seule dans mes sacs. Ce me fait de la peine pis en même temps, j’me demande si un jour je serai pas la prochaine, Miss Rebelle
Source: Facebook de Miss Rebelle/ Anick Claveau
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