Anick Lemay nous partage encore une fois un texte poignant sur ce qu'elle vit
Partager sur Facebook"Anick nous sommes de tout coeur avec toi dans ses moments difficiles."
C’est sur le site Urbania qu’Anick Lemay nous fait le récit de son histoire depuis l’annonce de son cancer du sein au printemps dernier. Elle y publie des textes tous plus émouvants les uns que les autres avec une plume et un talent indéniable. Sa sensibilité et son courage sont un exemple à suivre alors qu’elle réussit même à garder un peu d’humour bien qu’elle vivent présentement l’une des plus difficiles épreuves de sa vie.
Voici quelques extraits du dernier texte qu’elle vient tout juste de publier :
« Il est 3h du matin. Ma conscience s’éveille et les yeux toujours fermés, je sens une envie d’aller aux toilettes. Paresseuse en ce Jour 3 de chimio, j’ai juste une envie: rester là et me rendormir. Ma vessie peut attendre. Couchée sur le dos (as usual depuis 4 mois…), j’essaie de me tourner sur le côté droit qui, une fois sur deux, décide qu’il le veut bien. Ce faisant, j’ai une explosion de douleur dans tout le verso de mon corps, du cou aux mollets. J’absorbe, retiens mon souffle et me dis que c’est finalement ma vessie qui aura le dernier mot. L’éclair passé, je me lève…
Mon corps me lâche. Complètement. Il hurle de douleur. De partout. Debout à côté de mon lit, penchée par en avant, j’arrête tout mouvement. Qu’est-ce qui m’arrive? C’est comme si quelque chose avait pris possession de chaque partie de mon corps. De la plus mauvaise des façons. Je titube, claudique, name it, jusqu’à la toilette, par à-coups, le dos vouté, le visage contorsionné comme dans les nouveaux cours de yoga facial, mais en accéléré.
Je suis assise à la table de la cuisine et je ne fais pas de bruit. Ma fille dort au deuxième. Je me berce d’avant en arrière, j’ai des frissons, la clim’ marche à fond, c’est l’été. J’ai à nouveau 12 ans et je grandis douloureusement fois mille. Mais mon papa ne viendra pas me frictionner dans sa robe de chambre de velours… J’ai quand même senti l’odeur du tabac et ses yeux doux sur moi. Les beaux souvenirs font ça, parfois.
Je suis restée assise là trois heures, hébétée. Les douleurs ont persisté trois jours. J’ai pus mal au cœur, mais j’ai mal au corps en sacrament. La fameuse nuit du troisième jour. Jus rouge ou jus blanc, ils fessent au même moment. Lequel je préfère, tu me demanderas? Le blanc. Parce que même s’il me fait souffrir très fort dans mon corps, il est moins insidieux que le rouge. J’aime la franchise, l’honnêteté et la vérité. Quoique ça puisse faire mal, tu sais à quoi t’attendre. Les gens relatent rarement une version des faits qui leur attribue le mauvais rôle. Le jus rouge colle parfaitement à cet adage. Fais ta job, jus blanc. Je t’accepte. Je te prends.
L’hôpital du Sacré-Cœur n’a plus de secret pour moi. Ses corridors, ses employés, ses bénévoles, ses odeurs qui explosent à chaque tournant, les sons des civières, les langues mélangées (mais pas pour frencher), les regards soucieux, l’attente… Je marche dans cet hôpital comme si c’était chez moi. Ce matin, quatre mois après avoir rencontré Roxanne en génétique, je vais enfin savoir si j’ai les gènes BCRA1 et BCRA2. Ces gènes tristement célèbres qui ont fait qu’Angelina Jolie a subi l’ablation de ses seins, ses ovaires et ses trompes. Sa mère et sa tante sont décédées du cancer du sein. Elle n’a pas pris de chance, elle a pris les devants. Comme mes seins n’existent plus, je me suis résignée depuis à perdre mes ovaires et mes trompes, moi aussi. Ce qui me fait peur, c’est le legs de ces gènes à ma fille. Je veux qu’elle soit libre, mon enfant. Je veux qu’elle puisse choisir d’avoir ou non des enfants. Je ne veux pas lui transmettre le cancer.
J’avance dans le corridor dans l’état second induit par l’attente d’une réponse lourde de conséquences. Je cogne deux coups et j’ouvre la porte. Roxanne est assise à son bureau, l’air serein. Mais cet air-là, je ne m’y fie plus tellement. Je tremble encore par en dedans. Elle me laisse m’asseoir et son visage s’éclaire d’un grand sourire. Je ne l’ai jamais vue comme ça, alors je sais que ma fille est sauve! Mes gènes sont tout à fait normaux. C’est juste mes cellules qui ont capoté! Je l’ai serrée dans mes bras, l’ai embrassée et suis repartie avec mon bon bulletin, flottant dans le corridor d’oncologie. Des bonnes nouvelles, ça arrive pas souvent depuis le printemps. J’ai callé des fées et on a bu du champagne. Tsé, un moment donné…
Les prises de sang préchimio me stressent… J’ai manqué de plaquettes trois fois avec le jus rouge, ce qui a décalé mes traitements, tu te rappelles? Alors après le premier traitement de « produits naturels » (le jus blanc), je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’ai rendez-vous avec JA, mon oncologue, avant la deuxième chimio blanche. Toujours aussi belle, elle m’accueille elle aussi avec un grand sourire… Si ça continue, je vais finir par y croire. Elle s’informe de mes effets secondaires, rectifie le dosage des antidouleurs, me rassure du mieux qu’elle peut. Je voudrais qu’elle baisse un peu le jus blanc pour les prochaines chimios (une fille s’essaie), mais non. Je réponds TRÈS BIEN aux traitements!
Ma face devait avoir l’air d’un gros point d’interrogation, parce qu’après avoir dit ça, elle a tourné l’écran de son ordinateur vers moi. Les résultats de mes prises de sang sont… hallucinants! J’ai cinquante plaquettes de plus qu’il m’en faut pour le prochain jus et ce, douze jours seulement après le dernier! Je sais pas si tu comprends ce que ça veut dire, mais en gros: mon système immunitaire remonte, même avec la nouvelle chimio dans mes veines! Mon corps se bat! Mes globules blancs sont même tellement dans le tapis qu’on peut diminuer les injections quotidiennes. Je passe de dix à huit! Il me reste seize piqures à me faire… Sur soixante-dix, je te jure que le grand décompte est commencé. C’est la semaine des bonnes nouvelles. Je flotte. Je vais finir par arrêter de grandir… :) »
Anick nous sommes de tout cœur avec toi dans ses moments difficiles. On t’adore et tu es magnifique!
Source : Urbania
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